White and Black

Meudon, France - Janvier 2024

Sous la neige qui tombe dans la nuit noire, Meudon se transforme en planche gravée : white and black, un monde réduit à deux encres. La blancheur recouvre la chaussée comme une page fraîche, la nuit l’ourle d’un noir de velours. Au centre, une silhouette avance, mi-errante mi-déterminée, capuche tirée, un sac comme un contrepoids et, dans la main, l’éclat froid d’un téléphone – minuscule luciole moderne. Les traces de pneus croisent et recroisent le sol en signes cabalistiques, calligraphie d’une ville qui écrit en silence son propre récit. Les réverbères, lointains, découpent des halos laiteux où les flocons scintillent, grains d’argent suspendus. Tout bruit semble absorbé par la ouate ; seule subsiste la rumeur sourde du vent. L’ombre portée de ce livreur s’étire comme un second personnage, discrète confidente. Ici, l’opposition ne claque pas : elle caresse. Le blanc n’annule pas le noir, il le révèle ; le noir n’étouffe pas le blanc, il lui donne profondeur — et l’instant, fragile, devient gravure.

Capsule

La partition Fission pulse comme un cœur sous tension : cordes tenues, battement métronomique, montée inexorable. Elle épouse ici la géométrie du hasard : les empreintes qui se divisent, se multiplient, se recomposent en trajectoires — à la manière de particules dans une chambre à bulles. Chaque flocon devient un neutron minuscule, chaque croisement une petite réaction en chaîne de décisions ordinaires. La lumière des lampadaires, étale et clinique, tient lieu de lueur de laboratoire. Sous l’apparente douceur du dimanche, la musique révèle l’énergie latente des bifurcations : l’instant où l’on choisit, où tout peut se scinder, puis se recombiner en un nouveau destin.

à partir de 80,00 €