Reflection

Paris, France - Février 2024

Un homme s’arrête devant une vitrine PRADA comme on s’arrête devant soi-même. Le mannequin — visage lisse, costume impeccable, mains sans cicatrices — se tient dans un cercueil de lumière. Lui, silhouette sombre, écharpe rayée, chaussures usées, se découpe dans le gris de la rue. Le verre ne renvoie presque rien : au lieu d’un miroir, un écran. Entre les deux, un espace étroit chargé d’années, d’achats remis, de rêves éprouvés par l’usage. Le noir et blanc gomme les saisons, ne laissant que les volumes : rectangle laiteux de la vitrine, verticales du cadre, chute douce de l’écharpe répondant au tombé du pantalon. On lit dans la pose une conversation muette : qu’est-ce qui tient encore, que reste-t-il à ajuster ? La haute couture promet une peau neuve ; la ville, elle, rappelle la gravité. Reflection saisit cette seconde suspendue où la mode, la mémoire et le désir s’alignent dans un face-à-face sans tain.

Capsule

La composition de Hans Zimmer avance comme un appel à travers le temps. Son orgue ample, sa pulsation obstinée, évoquent la gravité qui sépare deux mondes : l’intérieur glacé de la vitrine et la rue où le corps vieillit. Dans S.T.A.Y., un message insiste derrière un mur invisible ; ici, le verre joue le rôle du mur, la lumière celui du code. Le mannequin, éternel, devient l’illusion du « rester », tandis que l’homme, mortel, sent le flux qui l’emporte. Les nappes montantes traduisent ce tiraillement : rester, partir, acheter, renoncer. La musique transforme la scène en portail intime où l’on tente, une dernière fois, de retenir ce qui s’éloigne.

à partir de 80,00 €