Photoautomat
Berlin, Allemagne - Août 2025
Boîte d’aluminium graffée, le Photoautomat tient comme un reliquat d’époque au cœur d’un Berlin qui s’auto-écrit sur ses murs. À gauche, une grille peinte façon bestiaire, à droite un visage au trait nerveux ; au centre, la fente des souvenirs. L’enseigne, un peu passée, promet quatre clichés et le rituel analogue: pièces, rideau, flash. Deux jeunes s’y replient, serrés l’un contre l’autre, prêts à immortaliser leur amour qu’on devine. Le noir et blanc exalte les textures — tôle cabossée, pavés luisants, craies, coulures — et calme la couleur imaginaire des rues. Le cadrage frontal fait de la cabine une scène miniature, un théâtre intime encastré dans la grande scène urbaine. Autour, les tags commentent, ricanent, bénissent. On entend presque le compte à rebours intérieur, le clac mécanique et le froissement de papier. Ici, la ville vous rend votre visage, quatre fois, comme pour vérifier que vous êtes vivant.
Capsule
Film: Lola Rennt
Titre: Supermarket
Auteur: Tom Tykwer
À Berlin, Supermarket pulse comme un néon. Son motif techno avance droit, métronomique, exactement comme la file invisible des souvenirs devant le Photoautomat. Chaque kick devient un flash, chaque hi-hat un cliquetis de pièce, chaque nappe synthétique la respiration du rideau qui s’ouvre et se referme. La musique inventorie la scène comme des rayons: visages, rires, doutes, quatre poses en promotion, instantanément consommées, immédiatement précieuses. Elle propulse l’instant dans une boucle, à la manière de Lola rennt: on réessaie, on sourit autrement, on recommence. Sur cette cadence, la cabine devient caisse enregistreuse du temps, éditant des reçus d’identité, pour mémoire.