Galata Fishing
Istanbul, Turquie - Avril 2025
Sur le pont de Galata, l’instant s’accroche au fil comme le poisson à l’hameçon. Le pêcheur, bonnet tiré, silhouette burinée par le sel et le vent, ramène sa prise dans un geste sûr, presque chorégraphié. À sa droite, deux passantes sourient, saisies par la grâce triviale de la scène : un éclat de vie au milieu des embruns. En arrière-plan, les minarets percent le ciel lourd et offrent au récit sa ligne d’horizon, entre prière et labeur. Le noir et blanc souligne la texture des peaux, la patine de la veste, la dentelle géométrique du garde-corps, et sculpte l’eau d’un Bosphore habité de ferries et d’oiseaux. Tout converge vers ce battement : un poisson qui claque, un rire qui s’échappe, un regard qui s’allume. La photographie saisit la ville par son pouls discret, là où le quotidien devient rituel, et où la beauté se révèle, sans emphase, à hauteur d’humain.
Capsule
La pièce Daily Routine épouse le tempo de cette scène : un motif simple, obstiné, qui avance comme le geste répété du pêcheur. Sa mélodie modeste, quasi domestique, installe une attention tendre au détail — l’éclat humide du fil, le frisson de l’eau, le sourire suspendu des passantes. La musique fait respirer le va-et-vient des gestes appris, des rencontres brèves, des petites victoires quotidiennes. Elle ne dramatise rien ; elle écoute. Ainsi, l’image se met à battre au rythme d’Istanbul : mécanique, humaine, imperturbable. Daily Routine devient la bande-son d’un miracle ordinaire, celui d’une ville qui recommence, chaque jour.